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  • Photo du rédacteurAncestral Siskins

La consanguinité en élevage

Dernière mise à jour : 4 mars 2020

Certains prônent son utilisation, d'autres crient au scandale lorsque l'on aborde le sujet, personnellement, j'ai choisi de vous l'expliquer.


1/ La sélection


Un éleveur qui recherche une certaine homogénéité dans son cheptel va choisir ses reproducteurs en fonction des différentes qualités que ceux-ci sont susceptibles de transmettre à leur descendance. Ces qualités (ou caractéristiques) peuvent varier d'un éleveur à l'autre, elles se distinguent en 3 catégories :


  • Les caractéristiques physiques : la taille, le dessin, la couleur, la posture, etc...

  • Les caractéristiques de performance : la robustesse, la vitalité, la fécondité, etc...

  • Les caractéristiques de caractère : oiseaux résistants au stress, oiseaux qui élèvent bien, etc...

Toutes ces qualités ne pourront être transmises sans recours à la consanguinité. En effet, le fait d'accoupler deux individus apparentés et possédant des caractéristiques communes augmente la probabilité que ces mêmes caractéristiques se répercutent sur les générations futures.


/!\ Avant de poursuivre : le recours à la consanguinité nécessite IMPÉRATIVEMENT une sélection rigoureuse des reproducteurs en parallèle.


2/ Les différents types d'accouplements


Il existe trois types d'accouplements possibles, présentant chacun des avantages et des inconvénients.


  • Outcrossing ("croisement externe") : il s'agit d'accoupler deux oiseaux n'ayant pas d'ancêtre en commun (en dessous du 4ème degré). Cette technique d'élevage permet la diversité du patrimoine génétique en revanche, elle ne permet, ni l'obtention d'une nichée homogène, ni l'identification des gènes défectueux. Pour les réfractaires à l'utilisation de la consanguinité, il s'agit de l'unique possibilité d'accouplement (tant pis pour vous 😜).

  • Inbreeding ("reproduction interne") : il s'agit d'accoupler deux oiseaux étroitement liés (père x fille, fils x mère ou encore frère x sÅ“ur). Cette technique d'élevage est à double tranchant : en effet, si la probabilité de transmettre des caractéristiques souhaitées est élevée par ce type d'accouplement, on peut tout aussi bien amplifier les défauts initialement présents chez les reproducteurs. Le plus gros avantage, à mon sens, est que cette pratique permet d'identifier les gènes défectueux et éventuellement, de les supprimer (ou du moins, tenter de canaliser leur impact sur la descendance).

  • Linebreeding ("reproduction de lignée") : il s'agit d'accoupler des oiseaux au degré de parenté plus éloigné (grand-père x petite fille, petit-fils x grand-mère, oncle x nièce, neveu x tante, cousin x cousine, etc...). Si tant est que la sélection des reproducteurs soit rigoureuse, c'est, je pense, le meilleur compromis entre l'outcrossing et l'inbreeding et cette méthode d'accouplement permet de limiter, voir même d'éviter (si la souche est stable) le "re-trempage" avec du sang neuf (outcrossing).


3/ Le degré de parenté


Le degré de parenté est en fait le nombre de générations entre deux individus apparentés. Ainsi, pour un oiseau X, on retrouve au :


  • 1er degré : ses enfants et ses parents

  • 2ème degré : ses petits-enfants, ses frères et sÅ“urs et ses grands-parents

  • 3ème degré : ses neveux et nièces, ses oncles et tantes et ses arrière grands-parents

  • 4ème degré : ses petits-neveux et petites-nièces (soit les enfants de ses neveux et nièces), ses cousins, ses grands-oncles et grandes-tantes (soit les frères et sÅ“urs de ses grands-parents)

  • 5ème degré : ses petits-cousins (soit les enfants de ses cousins)


4/ Le coefficient de consanguinité


Le coefficient de consanguinité représente la probabilité (sous forme de pourcentage) qu'une caractéristique se répercute sur la génération suivante.


Vous trouverez ici un tutoriel PDF pour apprendre à calculer le coefficient de consanguinité, je l'ai souhaité simple afin de faciliter la compréhension et donc l'utilisation.


Pour vous raccourcir la tâche (parce qu'il m'arrive parfois d'avoir des excès de bonté 😜), voici quelques coefficients correspondant aux accouplements rencontrés fréquemment dans un élevage qui utilise la consanguinité :


  • père x fille ou fils x mère : 25%

  • frère x sÅ“ur : 25%

  • grand-père x petite fille ou petit-fils x grand-mère : 12,5%

  • oncle x nièce ou neveux x tante : 12,5%

  • demi-frère x demi-sÅ“ur : 12,5%

  • cousin x cousine : 6,25%


5/ La dépression de consanguinité


En recourant à la consanguinité, il faut être conscient que tôt ou tard, on peut être confronté à l’altération, voir même la suppression de certaines caractéristiques. En restreignant la diversité du patrimoine génétique on peut accentuer les défauts initialement présents chez nos reproducteurs. Les premiers "symptômes" de la dépression de consanguinité sont souvent :


  • Une fertilité réduite (nichées plus petites, Å“ufs non fécondés, etc...)

  • Augmentation du taux de mortalité (dans l’œuf, au nid, avant sevrage, etc...)

  • Croissance ralentie

  • Baisse des défenses immunitaires

  • Réduction de taille, de poids

  • Développement de maladies récessives


C'est pourquoi, la sélection des reproducteurs doit être d'autant plus rigoureuse lorsque l'on a recours aux accouplements consanguins. Je vais utiliser un mot fort, mais il faut être IMPITOYABLE dans sa sélection et ne négliger aucune caractéristiques.


6/ La consanguinité, en pratique


Je pense, et cela n'engage que moi, que les accouplements à partir du 3ème degré sont à privilégier. Le recours à l'accouplement au 1er et au 2ème degré devrait rester un accouplement occasionnel permettant, à un moment précis de fixer une caractéristique bien définie (au démarrage d'une souche par exemple ou encore pour fixer une mutation intéressante). Plus nous formerons des couples au degré de parenté étroitement lié, plus nous risquons de voir apparaître une dépression de consanguinité (voir chapitre précédent) donc, utiliser cette méthode d'élevage OUI, mais dans un objectif précis et en quantité modérée. Le recours à l'outcrossing doit également être limité et toujours avec un apport à 50% maximum de sang neuf (c'est à dire, en accouplant un oiseau de souche extérieure avec un oiseau de notre propre souche) afin de conserver l'homogénéité (le patrimoine génétique) et le travail établi au préalable sur notre souche. Là encore, l'ajout de sang neuf doit être réfléchi et pratiqué intelligemment.


Pour conclure, je vous donnerais le conseil suivant : ne vous empressez pas de vendre vos jeunes à la première bourse de l'année, attendez de voir vos oiseaux finis, conservez-en autant que vous pourrez, ce qui vous permettra d'accoupler sur des degrés plus éloignés. Un oiseau parfait de l'extérieur ne sera pas forcément le meilleur reproducteur et inversement, l'oiseau un peu "plus moche" pourra vous sortir des jeunes d'exception. Élever du vivant ne consiste pas à résoudre un problème mathématique, on tâtonne, on fait parfois des erreurs, certaines étant plus difficiles à rattraper que d'autres. Le secret d'une bonne souche, c'est, toujours selon moi (chacun voit midi à sa porte) un patrimoine génétique commun et l'unique façon d'y parvenir c'est le recours à la consanguinité et une sélection rigoureuse.


PS : La sélection et l'accouplement ne sont qu'une partie de l'élevage, l'entretien au quotidien, l'alimentation sont tout aussi essentiels.

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